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Benjamin Rabier et la bande dessinée

 

Benjamin Rabier est considéré par bien des auteurs comme un ancêtre ou un précurseur de la bande dessinée. Le fait est qu'il a participé de très près aux mouvements qui l'ont fait naître, ne serait-ce que par sa contribution à l'imagerie d'épinal et à la presse enfantine.

Cette Page est destinée à retracer brièvement l'histoire des débuts de ce "neuvième art" et à resituer Benjamin Rabier dans ce grand mouvement du début du siècle. 

La bande dessinée est née en Suisse en 1833 avec Rodolphe Töpffer.
A cette époque, les progrès faits par l'imprimerie (gravure sur bois, lithographie...) permettent de meilleures reproductions de l'image. Il règne, à ce sujet, une certaine euphorie et on voit publier de nombreux livres comportant une profusion d'illustrations. Celles-ci ne sont pas encore organisées en "bande" suivie, relatant une action mais elles annoncent cependant ce que sera la bande dessinée en produisant parfois des ouvrages comportant plus de dessins que de texte.


A l'imitation de Töpffer, un dessinateur Français Cham, se lance dans l'histoire en dessins. Il ne s'agit ni chez Töpfer ni chez Cham de l'illustration de scènes isolées tirées du récit, mais bien de véritables séquences d'images, détaillant une action, dans un découpage qui annonce le cinéma. A ses débuts, Cham invente des techniques qui feront long feu : - l'amorce (le personnage n'apparaît que partiellement) - le gros plan (détail d'une main...) - Le séquençage serré (l'action est décomposée comme pour un ralenti).


Deux jeunes artistes Français, Nadar et Gustave Doré reprennent ces techniques à leur compte dans des satires politiques pendant l'effervescence de 1848. Apparaît alors la fameuse "bande" ("strip" en anglais) de 3 ou 4 images, développant un gag ou une situation.

Le genre subit une longue éclipse jusqu'en 1880. La presse pour enfants, déjà abondante, boude les "histoires en images" au profit des "textes illustrés" (une affaire culturelle ?). L'histoire en images n'est plus soutenue que par les imageries d'Epinal qui contribuent, sans doute, à la populariser pendant cette période creuse.


Autour de 1880 naît la revue "Le Chat Noir" qui devient vite un véritable laboratoire de la narration en images (...et aussi un véritable mythe !). On y trouve des récits en images sans aucun texte ! démontrant que la séquence d'images peut se suffire à elle même pour décrire une action ou raconter une histoire.
Parallèlement, "Le Chat Noir" a ouvert un théatre entièrement consacré à l'image (Ombres Chinoises, décors sur transparents, lanterne magique...).





Benjamin Rabier avait 16 ans à la naissance du "Chat Noir". Durant toute sa vie, il a été impressionné par cette entreprise. Il se fera un ami de Caran d'Ache et s'associera avec Emile Cohl qui, tous deux ont collaboré au "Chat Noir". L'une des petites maisons qu'il a construites dans la propriété du Breuil se nomme encore "Le Chat Noir"...











La presse pour enfants ne suit ce mouvement que 9 ans plus tard avec l'apparition dans "Le Petit Français illustré" de "La famille fenouillard" de Christophe en 1889, suivie assez rapidement du "Sapeur Camembert" en 1890, puis du "Savant Cosinus" en 1893.


Pendant ce temps, grâce à l'invention de la chromolithographie en 1882, les imageries d'Epinal se modernisent et font appel à des dessinateurs plus en vogue (souvent collaborateurs du "Chat Noir", comme Caran d'Ache).




En 1889, à l'age de 25 ans, Benjamin Rabier est libéré du service militaire. Introduit par son ami Caran d'Ache, il réalisera de nombreuses planches pour les imageries d'Epinal.




Dans le début des années 1900, la bande dessinée existe, le genre est formalisé même s'il n'est pas encore nommé et s'il lui manque l'un de ses accessoires les plus caractéristiques : la bulle.
On peut noter : - la proportion texte/image - La technique de la "bande" (strip...) puis de la "planche" de plusieurs bandes - les images fermées (texte en dessous, à l'époque) - la technique de la séquence courte (décomposition de l'action) - le découpage du scénario en séquences d'images... - L'utilisation des amorces, des gros plans... - L'apparition du Héros dans des épisodes suivis.






Benjamin Rabier ne manque pas d'utiliser l'ensemble de ces techniques avec brio. Parmi les centaines de planches qu'il a dessinées, on retrouvera une extrème aisance avec le séquençage rapide ou lent (qui annonce peut-être sa carrière cinématographique...).
Sa particularité et son succès, le dessin animalier lui prépare des sucesseurs illustres...



Ce sont les publications pour enfants, qui se multiplient à cette époque ("Jeunesse Illustrée", "Les belles Images", l'"Illustré", "Jeudis de la Jeunesse", "Petit Journal Illustré", "La semaine de Suzette", "Qui Lit Rit", "Fillette", "L'Intrépide", "Cri-Cri"...) qui imposent, tout à coup, le genre. On voit apparaître les toutes première bulles dans les "Pieds Nickelés" (première parution dans "L'Epatant" en 1908), les personnages commencent à faire l'objet d'histoires à suivre ("L'espiègle Lili" en 1909), le héros commence à s'imposer ( "Becassine" en 1905).



De 1900 à 1914, on assiste à une grande explosion de talents très divers. L'influence de l'Art Nouveau, puis de l'Art Déco vont amener des styles de dessins très différents : sages ou stylisés à l'extrème, cadrés, sans cadre, ou débordant de leur cadre... les thèmes aussi semblent se multiplier : on voit apparaître la "Faërie" et même la "science fiction" (avec Maurice Watt en 1932).





Il crée son propre journal pour la jeunesse : "l'histoire Comique et Naturelle des Animaux" qui paraîtra de 1907 à 1908. Pendant toute cette période, il utilisera aussi bien son talent pour le séquençage et le récit en image que son art à composer des pages beaucoup plus stylisées.


Pendant cette période de floraison intense, Benjamin Rabier, comme tous ses contemporains, utilise son talent à de nombreuses activités. Il illustre une grande quantité de textes, écrits par lui ("Tintin Lutin", "Cadet Paquet", "Les tribulations d'un Chat"...) ou par d'autres (les Fables de La Fontaine, Le Roman de Renard, Le Buffon...). Il travaille, sans arrêt, pour la presse humoristique, dessinant pour les revues les plus diverses.






Pendant les années de guerre, tous les genres se réconcilient. Soutenant la propagande de guerre par de nombreuses histoires d'héroïsme, d'espionnage, de combats, la bande dessinée prend son essort et voit l'apparition de nombreux talents dont certains resteront éphémères.


L'après guerre est marquée par la pénurie de papier et les restrictions, il faudra attendre 1921 pour voir renaître la presse enfantine avec "Lisette", "Pierrot", "Guignol"...



On peut noter l'arrivée de nouveaux héros : Charlot en 1921, Gédéon en 1923, Bibi Fricotin en 1924, Placide Serpolet et Nane en 1925.



Avec la naissance de Gédéon en 1923, Benjamin Rabier a trouvé le héros dont il poursuivra les aventures au fil de 16 albums. Bien qu'à la limite de l'histoire en image, on y retrouve les grandes techniques de la bande dessinée. Le rapport texte/dessins favorise nettement l'image, de longs plans séquences se passent parfaitement de leurs commentaires.




 

 

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